Acchla

Association pour la Connaissance de la Culture Historique Littéraire & Artistique


L'association

Les communautés juives de Gaule

À lire : Gérard Nahon, Juifs et judaïsme à Bordeaux, Mollat 2003

A propos de l’installation des juifs en Gaule, il existe une tradition que rapporte en 1407 le chantre de la synagogue de Troyes, Juda bar Eliézer Sevi :

« [la prière] “Mais Dieu est miséricordieux et il expie le péché…” que nous récitons debout le lundi et le jeudi, a été instituée par des hommes de bien exilés de Jérusalem après la destruction du Second Temple par Vespasien [en 70 de notre ère]. Il ordonna de faire trois vaisseaux, d’y embarquer ces hommes sans gouvernail et il les abandonna sur la mer. Le vent se leva et les jeta sur les rivages de contrées différentes. Un vaisseau accosta à Lyon, le deuxième en la cité d’Arles et le troisième en la cité de Bordeaux. Ceux qui s’installèrent à Bordeaux, le seigneur les accueillit avec bienveillance et leur donna des champs et des vignes. Ils y vécurent de longs jours paisiblement jusqu’à la mort de ce prince et à l’accession d’un nouveau. Ce qu’avait établi le premier, le deuxième l’abrogea et il prit à leur encontre des décrets hostiles. Il y avait deux frères Joseph et Benjamin auxquels se joignit leur cousin Samuel Tous trois étaient gens de Jérusalem. Dans leur détresse, ils implorèrent le Seigneur, observèrent jeûnes et carêmes, revêtirent des cilices et composèrent à eux trois [la prière]. »

A propos du mikvé, Thomas Platter rapporte en 1599 dans son journal de voyage ce témoignage qui concerne la communauté juive d’Avignon :

« On m’a montré sous la synagogue plusieurs bassins où les femmes viennent souvent se purifier en se plongeant entièrement sous l’eau, de manière qu’il ne reste pas un cheveu dehors. Elles tiennent les doigts et tous les membres écartés pour que de l’eau puisse pénétrer partout. Cela les expose souvent à de grands dangers, surtout en hiver, car il leur est défendu de faire chauffer l’eau. D’ailleurs, il est parlé longuement de ces bains et d’autres cérémonies concernant les femmes dans un livre judéo-allemand, appelé le Livre des femmes. Je puis donc me dispenser de m’étendre davantage sur ce sujet. »

Le Chanoine Charles d’Aigrefeuille, Histoire de la ville de Montpellier depuis son origine jusqu’à nos temps, Montpellier, 1739 :

« Le plus ancien monument qu’ils nous ayent laissé, se voit dans la ‘Maison de Montade qui se présente en face, lorsqu’on vient par la rue du Puits-des-Es quilles. On y trouve des voûtes souterraines, qui répondent à un grand puits, d’où l’on tiroit de l’eau pour servir à la purification des femmes juives : tout-à-l’entour, elles avoient des cabinets pour se déshabiller ; et dans les murailles de ces cabines, il y a des niches, où l’on mettoit le feu pour les chauffer, et des lampes pour les éclairer: à côté, on trouve une plus grande voûte, où il y a quatre ouvertures au haut, par où les femmes entendoient la prédication du rabin, de la même manière qu ‘elles font encore dans la juiverie d’Avignon. »

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