• Le tatouage est un langage corporel fortement connoté et commun à toute l’humanité. Souvenir encré dans le corps, il laisse une empreinte indélébile marquant, tout à la fois, l’importance que l’on occupe au sein de sa communauté et les aspirations les plus intimes de chacun.
• Quelques artistes ont tenté de combiner la peinture, la danse, la poésie, tout en y mêlant des événements fortuits de la vie réelle, anticipant de cette façon sur l’art de la performance et du happening. Influencé par la danse rituelle des Amérindiens autant que par le jazz qu’il écoutait en peignant, Pollock (1912-1956) invente le dripping ; les « anthropométries » de Klein (1928-1962) sont, quant à elles, le résultat d’une chorégraphie au cours de laquelle des modèles féminins laissent l’empreinte de leur corps sur la toile, unique souvenir d’un instant où l’art et la vie ont fusionné.
• Objet de fascination autant que d’inquiétude, les ruines dans l’art suscitent de singulières émotions, telles la fragilité de nos cultures, l’impression du déjà vécu, la méditation sur la fin de toute chose en ce monde, prélude à la sensibilité romantique. Les peintres ruinistes, tels Hubert Robert (1733-1808), ont en fait un genre à part entière, tandis que les Surréalistes suggéraient par-là un monde en ruine. Même ruiné, le patrimoine n’en constitue pas moins notre ADN culturel.
• Représentations de places vides, de trous béants, de prisons imaginaires, de spectres, ou évocations de nos improbables origines…, depuis toujours, l’artiste a cette faculté étonnante de rendre visible nos peurs souterraines, inscrites dans les profondeurs de nos gènes. Vous saurez maintenant pourquoi vous craignez le noir !
• Marco Polo (1254-1324) a traversé des pays « où l'on trouve en maints lieux de nombreux esprits fantastiques que le jour, et surtout la nuit, on entend parler dans les airs ». Ce que Marco Polo a décrit au cours de son voyage, les peintres l’ont aussitôt représenté : un blemmie, un sciapode, un cyclope, un lézard aux puissantes pattes léonines et deux dragons à la queue terminée par une seconde tête, autant de sauriens « effroyablement énormes et féroces », sans oublier l’incontournable licorne.
• L'homme a toujours cherché à parfaire son apparence, mais la frontière entre corps amélioré et corps monstrueux est infime, ce qui soulève bien des questions. Si la mutation peut n'être que virtuelle et se fonder sur des programmes informatiques, elle peut aussi être bien réelle lorsque certains artistes se font greffer des implants au cours de performances chirurgicales. A travers ses « Self-Hybridations » Orlan rappelle que toutes les civilisations ont façonné les corps et, par conséquent, ont conditionné nos regards et nos désirs.
• Si en 1963, la Grande Nuit foutue et l'Homme nu de Georg Baselitz (né en 1938), sont saisies par les autorités, c’est moins à cause de leur prétendue obscénité que parce qu’elles révèlent les traumatismes et les doutes d'un pays divisé. Si Anselm Kiefer (né en 1945) introduit dans ses œuvres l’hermétisme et la Kabbale c’est pour mieux rendre compte d’un passé inavouable. Si Christian Boltanski (1944-2021) offre à son « regardeur » des représentations sur la quête et la perte de l'identité, le passage du temps, la vie et la mort ou sur les aléas de la mémoire, c’est aussi pour évoquer les pires moments de notre histoire.
• Par une démarche essentiellement symbolique, les physiognomonistes antiques mettaient en rapport chaque trait physique avec un trait moral. La physiognomonie est la « science » qui se propose de lire sur le visage et dans le corps, les dispositions naturelles, les mœurs, le caractère. Elle se présente comme « l'art de connaître les hommes » et notamment de percer à jour les méchants en dépit de leur dissimulation. Entre autres artistes, Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, a laissé de singulières planches dans ce domaine.
