L’art ancien de l’Anatolie à la Mésopotamie, de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale : chefs-d’œuvre en péril !
Le Jeudi de 15:30 à 17:00
- Lieu : Université du Temps Libre (UTLIB)
- Cycle de cours : Histoire de l'art
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Programme
Chapitre : Mésopotamie et Égypte : les grands foyers de nos civilisations
Le jeudi 29 septembre 2016 : L’invention de l’écriture
Le jeudi 06 octobre 2016 : Les premiers grands récits
Le jeudi 13 octobre 2016 : La création des images
Chapitre : Les « nouveaux barbares »
Le jeudi 17 novembre 2016 : Petite histoire du vandalisme de l’Antiquité à nos jours
Le jeudi 24 novembre 2016 : Pillage et trafic des antiquités : un marché de l’art en expansion
Chapitre : Bilan des sites détruits et menacés
Le jeudi 01 décembre 2016 : La Syrie : Ebla, Mari, Palmyre, Apamée, Doura Europos, Bosra, Alep…
Le jeudi 08 décembre 2016 : L’Irak : Ninive, Khorsabad, Nimroud, Tikrit, Hatra…
Le jeudi 15 décembre 2016 : La Libye : Cyrène, Leptis Magna, Sabratha…
Le jeudi 05 janvier 2017 : L’Afghanistan : Bamiyan, Bactres, Aï Khanoum…
Chapitre : 1/ le Croissant fertile
Le jeudi 12 janvier 2017 : Les premières cités : Uruk, Nippur, Ur, Assur, Kalhu, Dur-Sharrukin, Babylone…
Le jeudi 19 janvier 2017 : La statuaire du IIIe millénaire
Le jeudi 26 janvier 2017 : Les rois : représentations, statuts et fonctions
Le jeudi 02 février 2017 : La guerre, une image privilégiée du pouvoir royal
Le jeudi 09 février 2017 : Dieux et démons
Le jeudi 16 février 2017 : Le bestiaire
Chapitre : 2/ les civilisations des hauts plateaux
Le jeudi 09 mars 2017 : L’Anatolie : les villes hittites (Alaça Hüyük, Hattusha)
Le jeudi 16 mars 2017 : La sculpture hittite
Le jeudi 23 mars 2017 : L’Iran élamite, la civilisation de Marlik et les bronzes du Luristan
Le jeudi 30 mars 2017 : L’Empire des Perses achéménides
Le jeudi 06 avril 2017 : L’Iran dans l’Orient hellénisé
Chapitre : 3/ les pays du Levant : les Phéniciens
Le jeudi 11 mai 2017 : Les trésors de Byblos et l’emprise égyptienne
Le jeudi 18 mai 2017 : Le rayonnement d’Ugarit
Le jeudi 01 juin 2017 : L’expansion phénicienne et la nécropole royale de Sidon
Le jeudi 08 juin 2017 : Les Phéniciens à Carthage
Le jeudi 15 juin 2017 : La Phénicie romanisée : les cités de Tyr et de Baalbek. Gérasa (Jerash)
Complément d'informationsIl m’a paru essentiel de revenir sur ces grandes civilisations antiques qui sont les racines de nos cultures (écriture, littérature, architecture, image et imaginaire) pour deux raisons.
D’abord elles ont disparu depuis plusieurs siècles et nous renvoient à nous-mêmes :
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins […]. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. » (Paul Valéry, « La crise de l’esprit », The Atheneum, avril 1919).
Ensuite, outre la somme de connaissances qu’elles contiennent et qui sert à la compréhension de notre culture (sans l’idée de nos origines, notre présent n’a plus de sens à partir de quoi on ne peut pas se projeter dans l’avenir – il n’y a plus de protentions[1] possibles), les traces irremplaçables qu’elles ont laissées sont menacées ou carrément détruites. Or, comment annoncer à ses propres enfants qu’ils ne pourront plus arpenter les sites archéologiques du Proche-Orient (ceux-là même que nos parents découvraient sans complexe), sinon que sur un mode virtuel ? Comment les faire rêver afin qu’ils entraînent plus loin cette aventure de l’humanité qui, avec le recul qui convient, est unique ? le cauchemar ne risque-t-il pas de nous conduire à la folie ? Car notre actualité est une illustration de l’organisation du chaos. Les barbares « attendent que la loi divine vienne remettre en ordre le chaos qu’ils organisent eux-mêmes dans ce but »[2] suivant en cela les prescriptions d’Abu Bakr al-Naji. Or, cette politique du chaos, dans une autre mesure, est aussi celle menée par des « nouveaux barbares », entrepreneurs de l’industrie du numérique – la data economy – dont l’ambition est le renversement de la civilisation par des stratégies de conquête disruptives[3]. Cette symétrie, qui s’articule selon un axe Orient-Occident, n’est pas un hasard dans notre actualité. Nous devrions tous y être très attentifs. Le trafic des antiquités proche-orientales (fruit de la guerre contre l’EI) s’appuie sur le net, les courriels, les réseaux sociaux etc.
[1] à lire : Bernard Stiegler, Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou ?, éd. Les Liens qui Libèrent, 2016.
[2] id. p. 88.
[3] Pour une analyse développée de ce point : id. chapitre quatre, « Administration de la sauvagerie, disruption et Barbarie », p. 65-80.